Partout, les dieux et les héros grecs vivent et s'agitent en des milliers d'épisodes. En Crète, par exemple, où une cinquantaine de villes frappent monnaie, c'est la naisance de Zeus dans la grotte du mont Ida; Minos, Thésée, le labyrinthe, le Minotaure; Artémis Dictynne, Cydon allaité par une chienne; le monstre marin Itanus, le géant Talus, les mythes d'Hermès, d'Europe, d'Héraclès.

Exemple de représentation mythologique sur une monnaie grecque : portrait du Dieu fleuve Achelous sur un statère d'Akanania

 

Statère d'Akarnania, vers 229-168 avant JC, au nom du magistrat Lykourgos. L'avers de la pièce montre le Dieu fleuve Achelous (photo CNG).

Statère d'Akarnania, vers 229-168 avant JC, au nom du magistrat Lykourgos. L'avers de la pièce montre le Dieu fleuve Achelous (photo CNG).

 

Les monnaies de la Thessalie interprètent les légendes de Poséidon Onchestius, de Zeus Acreaus, de Phrixus et d'Hellé, de Philoctète, de Protésilas, de Machaon, de Jason, de la nymphe Larissa. Celles de la Thrace nous montrent le grand dieu Kursa et le héros cavalier qui rappellent le culte des ancêtres. En Béotie, nous trouvons l'Héraclès Thébain, l'Hermès criophore à Tanagra, les Niobides à Orchomène; en Argolide, c'est Héra et ses symboles, ou Diomède, ou Apollon Lycien, ou le combat de Danaus et de Gélanor pour la domination du Péloponèse, ou encore la touchante histoire de Cléobis et Biton traînant eux-mêmes le chariot sur lequel leur pieuse mère est assise pour se rendre au temple de Héra. En Arcadie, c'est Ulysse, armé d'un aviron, qui cherche l'homme mystérieux que lui a désigné le devin Tirésia, ou le jeune Arcas avec sa mère Callisté, ou encore Actéon enchaîné. A Aenea de Macédoine, c'est Enée le fondateur mythique de la ville, fuyant l'incendie de Troie avec sa famille. A Egine, c'est Eaque, le sombre juge des morts; à Athènes, la dispute d'Athéna et de Poseidon pour la fondation de la capitale de l'Attique. A Messana, c'est Pheraemon, fils d'Eole, roi mythique de la Sicile.

A Syracuse, c'est la nymphe de la fontaine d'Ortygie qui a si divinement inspiré à la fois les poètes et les graveurs des coins monétaires. A Néapolis, à Térina, ce sont les sirènes Parthénope et Ligée; à Tarente, c'est le jeune Taras sauvé par un dauphin et le cavalier dont les attitudes si ingénieusement variées ne lasseront jamais l'admiration; à Crotone, c'est le chasseur Aesarus sur le bord du fleuve où il devait se noyer et auquel il donna son nom; à Métaponte, c'est l'Achélous personnifié, ou bien l'épi, symbole de la fameuse gerbe d'or dédiée par les habitants au sanctuaire de Delphes; à Carthage, c'est Tanit identifiée à Perséphone. Citerons-nous enfin, à une autre extrêmité du monde grec, le géant Ascus à Damas, les Tables ambrosiennes à Tyr, Astarté à Sidon, Baal-Kaivan à Hiérapolis, Elegabal à Emèse et tout le panthéon des dieux syriens, aux formes si étranges, au culte si monstrueux.

N'est-il pas curieux de retrouver en images, sur les monnaies d'Abonotichus (Ionopolis) en Paphlagonie, le culte gnostique du serpent à tête humaine qu'un imposteur du Iième siècle, Alexandre, avait réussi à introniser dans cette contrée ? On se souvient des persécutions sanglantes que les rois de Syrie, surtout Antiochus IV Epiphane, firent endurer aux juifs réfractaires, et les déportations qui s'envuirirent. Des familles juives furent ainsi transplantées jusqu'à Apamée en Phrygie; elles finirent par s'accomoder de cet exil où elles prosprérèrent tant et si bien que trois cents ans plus tard, au temps de Septime Sévère, elles y avaient acclimaté les traditions blibliques elles-mêmes; on racontait que l'arche de Noé s'était arrêtée au plus haut sommet des montagnes voisines, et, pour que personne n'en put douter, des monnaies furent alors frappées, sur lesquelles on voit Noé et sa femme dans l'arche, et donnant à la colombe son libre essor.

Parfois, nous trouvons sur les monnaies des allégories telles que le Démos, le Sénat, la Démocratie, l'Hégémonie, les fontaines Calléon à Smyrne, Pirène à Corinthe, Euryméduse à Sélinonte, les monts Maemus et Rhodope et le fleuve Ister à Nicololis en Moesie, l'Hellas à Phères de Thessalie; sous l'empire romain, la moitié des types monétaires sont des personnifications allégoriques : Pietas, Justicia, Fecunditas, Aequitas, Concordia, Pax, Libertas, Moneta, Aeternitas, Genius Populi Romani, Gallia, Hispania, Africa, etc.

 

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Le champ de la numismatique grecque et romaine est immense sur un plan chronologique et géographique. Immense aussi le nombre des matérieux dont elle dispose; infinie, la variété des produits qu'elle cultive sur cette vaste étendue. La comparaison qu'on pourrait être tenté détablir, à ce point de vue, entre le monnayage moderne et celui des anciens, manquerait tout à fait de justesse. Nos monnaies contemporaines sont fixées pour une longue période d'années dans des types de convention qui ne changent guère; les mêmes emblèmes et les mêmes légendes se perpétuent aussi longtemps que dure un système monétaire ou un régime politique : on modifie seulement le millésime et les « différents », tels que les lettres ou les symboles de graveurs et d'entrepreneurs ou marques d'émissions. Tout autres étaient les usages de l'antiquité qui, presque partout, a fait de sa monnaie, non seulement un instrument pour les échanges, mais en même temps une, une médaille commémorative. De là, dans les coins monétaires, une prodigieuse variété de types qui s'accroît encore par la multiplicité des ateliers et par l'imperfection matérielle de l'outillage qui ne permettait pas de frapper un grand nombre de pièces avec les mêmes matrices.

Il est d'usage de partager en deux grands groupes les produits monétaires de l'antiquité : les monnaies grecques et les monnaies romaines. Dans la série grecque on englobe ordinairement toutes les pièces qui ne sont pas de coin romain, et ce n'est pas sans quelques bonnes raisons, car grâce aux colonies que les Grecs avaient, de bonne heure, disséminées sur toutes les côtes méditerranéennes, l'influence hellénique s'est fait sentir dans le monnayage du monde entier, aussi bien, par exemple, en Gaule, en Espagne, en afrique, qu'aux bouches du Tamaïs, au pied du Caucase ou sur les rives de l'Indus. On appelle donc « grecque » toute la numismatique antique qui n'est pas proprement romaine.

Dans son "Traité des monnaies grecques et romaines", paru en 1907, E. Babelon évoque les principales découvertes de monnaies grecques archaïques faites en Occident. Il présente rapidement les principaux trésors et dépôts de monnaies connus à son époque, après avoir exposé quelques notions préliminaire sur le monnayage grec primitif d'Occident. Parmi les dépôts de monnaies et trésors cités, il évoque le trésor d'Auriol, dont la découverte fit sensation à l'époque, mais aussi les trouvailles de Saint-Rémi de Provence, de Cavaillon, ainsi que celles de Volterra et de Vélia en Italie, mais encore les trésors de Pont de Molins, près de Figueras (Espagne), de Morella (Valence, Espagne) et les trouvrailles de Rosas et d'Ampurias (Espagne). Ce parcours numismatique le long des côtes de la Méditerranée Occidentale a quelque chose de fascinant : on imagine ces colons grecs, déjà très civilisés, installant leurs comptoirs commerciaux sur des rivages vierges et commerçant avec les pleuplades encore primitives de l'arrière-pays...

Les artistes de la Grèce antique ont créé des monnaies extraordinaires, dont l'exceptionnel pouvoir de séduction reste intact après 25 siècles. Cependant, collectionner ces monnaies n'est pas simple : pour s'y retrouver il faut quelques connaissances historiques et géographiques. Pour commencer, nous nous proposons d'expliquer sommairement les caractères géographiques, historiques et artistiques des plus anciennes monnaies grecques, c'est-à-dire les monnaies d'Asie Mineure émises entre le VIIème et le début Vème siècle avant notre ère.

Les Grecs, qui s'appelaient eux-mêmes les Héllènes, ont peuplé les rivages et les nombreuses îles de la Méditerranée nord-orientale. La Grèce continentale est constituée par la partie inférieure de la péninsule des Balkans, dont l'extrémité sud s'arrête avec la presqu'île du Péloponnèse. A l'Est, la Mer Egée sépare la Grèce continentale des territoires grecs de l'Asie Mineure (Turquie actuelle - voir carte); à l'ouest, c'est la mer Ionienne qui sépare le Péloponnèse de la Sicile et de l'Italie du sud. C'est sur les côtes d'Asie Mineure que les premières monnaies ont été inventées, avant de se répandre dans l'ensemble du monde grec.

Les statères en or de Philippe de Macédoine sont des monnaies grecques antiques classiques. Découvrez une de ces pièces dans la vidéo ci-dessous.

Vidéo : Une Monnaie grecque antique RARE : le Statère en Or de Philippe de Macédoine

Une pièce d'or antique classique 

La pièce dont il est question est un Statère en or de Philippe II de Macédoine.

La pièce est une émission posthume : elle a été frappée entre 325 et 310 avant Jésus-Christ sous le règne d’Alexandre le Grand ou de Philippe III ou de Cassandre, dans l’atelier de Pella, en Macédoine. 

A l’avers de la pièce on peut voir une tête laurée d’Apollon tournée à droite. 

Au revers se trouve un bige, c'est-à-dire un char composé de 2 chevaux, qui se dirigent au galop vers la droite. Ce char est conduit par un aurige, qui tient les rênes et le kentron. Le kentron est le mot antique qui désigne l’aiguillon. Au-dessous on peut voir un trident qui est la marque de l’atelier monétaire où a été fabriquée la pièce, c’est-à-dire Pella, l’ancienne capitale de la Macédoine.

Le Bige rappelle la victoire de Philippe aux jeux olympiques.

L’inscription grecque qui se trouve sous le bige “ΦIΛIΠΠOY” signifie “Philippe”. 

La pièce est frappée en or et pèse 8,53 grammes, pour un diamètre de 16 millimètres. 

Cette pièce est en qualité TTB+, c’est-à-dire qu’elle n’est pas parfaite, mais sa rareté justifie son prix. 

Les statères d’or de Philippe de Macédoine sont des monnaies grecques antiques classiques. 

Le mot statère, à l’origine, désignait une unité de poids qui correspondait au double de la drachme, la drachme désignant elle-même une poignée de grains que l’on mettait sur l’un des plateau d’une balance. On donnait le nom de statère à deux de ces poignées, c'est à dire à la totalité du grain qu'il fallait pour obtenir que les deux plateaux fussent dans un équilibre parfait. 

La drachme est une moitié, le statère est le tout, le poids complet. La drachme désignait plus spécialement l'unité de la monnaie d'argent et le statère était la définition de l'étalon de la monnaie d'or. Dans la Grèce Antique Statère était synonyme de monnaie d’or. 

Les pièces de Philippe de Macédoine ont détrôné les pièces d’or de référence de l’époque, les dariques, monnaies de l’Empire perse. Le succès de ces pièces est devenu tel qu’on le nom de “Philippes” est à son tour devenu synonyme de pièces d’or.

Les statères grecs de Philippe de Macédoine abondamment copiés par les gaulois

Ces pièces ont été abondamment imitées par les gaulois, jusqu’à la conquête romaine. Vercingétorix lui-même a fait frapper des statères d’or célèbres, d’inspiration macédonienne. Cette pièce peut donc intéresser aussi bien les collectionneurs de monnaies gauloises que les collectionneurs de monnaies grecques antiques...

Ces pièces remarquables méritent sûrement de figurer dans une collection de monnaies d’or.

A propos des monnaies grecques et gauloises

Monnaies grecques : un livre exceptionnel dévoile leurs secrets

Atlas des monnaies gauloises

On peut se demander de quand datent les plus anciennes collections de monnaies, et en particulier si les Grecs, dès l'antiquité, ont déjà commencé à constituer des collections de monnaies. La réponse n'est pas franchement affirmative. Cependant, nous savons que de très bonne heure, les offrandes et les ex-voto déposés dans les sanctuaires des dieux constituaient de véritables amoncellements d'oeuvres d'art parmi lesquelles les anciennes monnaies occupaient souvent la place prépondérante : ces pieuses collections étaient les musées de l'antiquité, de même que les trésors de nos églises étaient les musées du Moyen Age.

Exemple de monnaie grecque antique de Rhodes, très recherchée dans l'antiquité

Exemple de monnaie Rhodes, très recherchée dès l'Antiquité

Les Grecs ont-ils collectionné les monnaies dès l'Antiquité ? Au XIXème siècle, Théodore Mommsen pense avoir trouvé la preuve dans un inscription que les monnaies de Rhodes qui présentent la tête radiée d'Hélios étaient recherchées comme objets de collection (Photo J. Elsen et ses fils – Enchère 91 – Monnaie vendue pour 1100 Euros).

Il suffira de rappeler les richesses accumulées par les pèlerins dans les trésors de l'Héraion de Samos, de l'Artémision d'Ephèse, dans les sanctuaires non moins célèbres d'Athènes, de Délos, de Delphes, d'Olympie, de Rome. Mais ces richesses avaient, avant tout, le double caractère d'offrandes religieuses et de réserve pécuniaire.

La curiosité que certains de ces objets excitaient par leur vétusté, leur singularité ou leur origine, comme on le voit dans plusieurs passages de Pausanias, n'allait guère jusqu'à les interroger à titre de preuves historiques. Il n'en est point tout à fait de même des objets exotiques ou anciens que des princes ou des particuliers, dès l'époque grecque, rassemblaient pour leur jouissance personnelle, à la façon des amateurs de nos. Les auteurs anciens citent les collections des Ptolémées, des Séleucides, des Attalides, de Mithridate. Celui-ci fut même un passionné : il avait plusieurs gazophylacies où étaient rangés ses trésors artistiques.

L'un de ces cabinets, comme nous dirions aujourd'hui, était à Sinoria, un autre à Taulara. Les historiens se sont fait l'écho de l'étonnement des Romains lorsque ceux-ci virent défiler processionnellement toutes ces richesses, à l'occasion des triomphes de Lucullus et de Pompée. Sans doute, aucun témoigagne ne nous permet d'affirmer qu'il y eut parmi ces curiosités une suite de médailles anciennes, mais nous savons, par exemple, que la beauté des vieilles pièces de Rhodes les faisait particulièrement rechercher; la tête radiée de Hélios de face paraissait une merveille et les amateurs payaient volontiers un agio pour en posséder quelque exemplaire.

C'est ainsi, du moins, que Théodore Mommsen a interprété une inscription de Ténos en l'honneur du Syracusain Timon, fils de Nymphodoros, vers le commencement du siècle qui précède notre ère. Pour avoir 100 drachmes de Rhodes, on en paye 105 de Ténos, bien que celles-ci pèsent au moins le même poids (CI Gr., n°2334; cf. Mommsen, « Monnaies Romaines », t. I, p. 51).

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