La vidéo ci-dessous présente un livre ancien mais extrêmement intéressant, il s’agit du livre Les Origines de la Monnaie considérées aux points de vue économique et historique. Le livre date de 1897 et il a été écrit par Ernest Babelon, qui est un des plus grands numismates français. Il a passé toute sa carrière au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale à Paris, dont il a été le directeur, au milieu de dizaines de milliers de monnaies de toutes origines. Ernest Babelon a passé sa vie à étudier les monnaies anciennes. 

Vidéo : Les Origines de la monnaie

Une approche très originale des origines de la monnaie

Ce livre est très intéressant car il aborde la question des origines de la monnaie de façon très originale pour l’époque. Ernest Babelon était au contact des monnaies antiques, et il a pensé que l’analyse approfondie des pièces pouvait apporter beaucoup à la compréhension des phénomènes économiques. A l'époque, les économistes ne se préoccupaient pas de numismatique. 

Ses conclusions se basent sur l’observation des faits numismatiques, monétaires et historiques. Sa méthode est inductive : il part des faits avant de donner ses conclusions.

Ernest Babelon a observé les pièces de monnaies antiques sous le rapport du poids, en particulier sous un angle métrologique, mais il a également basé ses conclusions sur de nombreuses lectures. Il a relevé des faits monétaires dans de très nombreuses sources antiques, dont l’Ancien et le Nouveau Testament, l’Iliade et l’Odyssée, les Histoires d’Hérodote, les Oeuvres d’Aristote, de Pausanias, d’Eschyle, de Pollux, de Pline, de Varron de Tacite, entre autres, et même dans l’Histoire Auguste dont il a eu du mal à expliquer les bizarreries, et pour cause à l’époque on ignorait encore qu’il s’agissait d’un faux. 

Ernest Babelon est précis dans ses citations de sources anciennes qu’il discute méthodiquement. De très nombreuses notes de bas de page prouvent, si c’était nécessaire, son érudition.

Monnaie abstraite ou monnaie "droite" ?

En ce qui concerne les sources modernes utilisées par Ernest Babelon, on peut citer des auteurs tout à fait oubliés aujourd’hui comme Herbert Spencer ou Stanley Jevons. Il mentionne au passage Adam Smith et son célébrissime livre sur la richesse des nations. Ernest Babelon a lu Smith mais il est en désaccord avec lui sur la nature de la monnaie, de même qu’il conteste le point de vue d’Aristote sur la monnaie en tant que fait social abstrait. 

Ernest Babelon pensait que la seule monnaie valable était la monnaie métallique, en or ou en argent, dont la valeur métallique intrinsèque devait être le plus proche possible de sa valeur nominale. Il faut dire à son corps défendant qu’en 1897 le Franc Gernimal, était en place depuis presque un siècle avec une apparente stabilité. 

Cette conception de la monnaie métallique “droite” pour employer son expression n’est plus soutenable aujourd’hui. C’est sûrement l’aspect du livre qui a le plus mal vieilli. 

Pour le reste, on peut dire un mot du titre. Ernest Babelon, en parlant des Origines, se place sur un plan évolutionniste. Il parle d’ailleurs de “peuples enfants”, de “peuples simples” pour désigner les civilisations préhistoriques ou protohistoriques. 

Ernest Babelon a choisi d’étudier les origines de la monnaies avec un très grande profondeur chronologique et géographique puisqu’il remonte aux usages pré-monétaires de l’Assyrie, de l’Egypte antique, des Hébreux et des Phéniciens, mais aussi des populations primitives de la Grèce, de l’Italie Centrale et du reste de l’Europe.

Il choisit également d'observer les usages monétaires contemporains qu’il compare aux usages antiques : c’est un des aspects les plus originaux du livre. Ernest Babelon observe l’universalité du fait monétaire, si l’on définit la monnaie en tant qu’intermédiaire des échanges. Toutes sortes d’objets ont été utilisés par les sociétés anciennes comme intermédiaire des échanges : des coquillages, des plantes (le tabac, le riz, le blé), mais aussi dans les sociétés pastorales anciennes, des animaux, comme les vaches ou les moutons.

De cette observation, on voit que la monnaie n’a pas une évolution unique et linéaire mais qu’elle a été inventée de façon totalement indépendante dans plusieurs régions du monde. Donc il y a bien des origines de la monnaie et non pas une origine unique. 

La fable du troc

Il y a d’ailleurs des contractions dans l’approche d’Ernest Babelon qui suit l’idée développée par Adam Smith sur le troc. Smith a imaginé que les plus anciens hommes, avant l’invention de la monnaie, faisaient du troc, c’est-à-dire des échanges d’objets sans intermédiaire. Le troc a pu exister très marginalement dans le passé mais l’utilisation d’un intermédiaire des échanges ou d’une pré-monnaie, sous une forme abstraite purement mentale comme une simple unité de compte ou sous forme concrète d’objets, a de très profondes racines probablement préhistoriques. Les sociologues et les anthropologues, comme Marcel Mauss et ou plus récemment David Graeber ont d’ailleurs montré que le don, la réciprocité et la dette, c’est-à-dire le paiement différé sont des mécanismes qui préexistent à la monnaie à proprement parler.

Avant la monnaie : le métal pesé sous forme de lingots

Ernest Babelon montre bien que la monnaie métallique telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’a pas été inventée du jour au lendemain par un esprit brillant, mais qu’elle est le fruit d’une longue évolution, qui a tout à voir avec l’histoire de la métallurgie. Au terme d’une longue évolution, les métaux, au premier rang desquels se trouvent l’or l’argent et le cuivre se sont imposés pour leur facilité et leur commodité d’utilisation. Ils ont d’abord été utilisés comme intermédiaires des échanges sous formes de lingots, avant d’être standardisés par leur forme et dans leur poids. C’est l’intervention de l’Etat, qui s’est arrogé le monopole de la fabrication des monnaies et qui a garanti leur teneur en métaux précieux en apposant sa marque sur les pièces qui a parachevé, au tournant du VIIème siècle et du VIème siècles avant Jésus-Christ la création des pièces de monnaie telle que nous les connaissons aujourd’hui. Cette “invention” a eu lieu en Lydie, dans l’actuelle Anatolie et s’est par la suite répandue dans le monde entier.

La lecture du livre d’Ernest Babelon est très intéressante et même si le livre a vieilli sur bien des aspects, c’est toujours un plaisir de lire un maître de la numismatique et de l’érudition française. 

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Autres livres sur des sujets voisins

Adam Smith, La Richesse des Nations ►► https://amzn.to/2WCR0rC

Marcel Mauss, Essai sur le don ►► https://www.amazon.fr/dp/B0933GLVCW

David Graeber, Dette, 5000 ans d’histoire ►► https://amzn.to/3zAGfoo

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Vous souhaitez découvrir le monde de la collection des pièces de monnaie ? Ce livre présente ce loisir passionnant du point de vue du débutant. 

Vidéo : présentation du livre "Collectionner les pièces de monnaie"

Couverture du livre Collectionner les pièces de monnaie, un guide pour les débutants

Collectionner les pièces de monnaie : un guide pour les déburants

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La collection de pièces de monnaie est souvent considérée comme un loisir un peu anecdotique, un peu "ringard", dépassé. Mais en fait la collection de pièces de monnaie a une incroyable profondeur historique : on collectionne les pièces de monnaie depuis la Renaissance et même avant, soit plus de 500 ans.

Le livre explique aux collectionneurs débutants (mais aussi aux collectionneurs confirmés qui voudraient confronter leurs propres habitudes à celles de multiples autres collectionneurs) quelles ont été les différentes pratiques des collectionneurs au fil des temps, comment la numismatique (qui est la science des monnaies et médailles) est lentement devenue un loisir démocratique alors qu'elle était au départ "le loisir des rois".

Le livre ne vous dit pas exactement comment faire pour collectionner mais vous permet de vous confronter à ce qu'ont fait par le passé de très nombreux collectionneurs de toutes origines sociales. On voit ainsi comment ils s'y sont pris quelles ont été leurs pratiques, leur budget, leurs qualités, leurs défauts... Chacun peut ainsi, en fonction de sa propre personnalité, se positionner et voir quelle est la meilleure manière de collectionner...

Présentation du livre

Les pièces de monnaie ont été inventées il y 2600 ans et elles ont conquis le monde entier.

Ces petits objets métalliques sont à l'image des peuples et des civilisations qui les ont fabriquées et utilisées, c’est-à-dire d'une extrême diversité et il est parfois difficile de s'y retrouver.

Découvrez toutes les réponses aux questions que vous posez !

Ce guide pour les débutants répondra aux nombreuses questions que vous vous posez (et même à celles auxquelles vous n'aviez pas pensé !) : 

  • Peut-on collectionner sans argent ?
  • Qu'est-ce qu'une collection ?
  • Comment lire une monnaie ?
  • Peut-on devenir riche en fouillant dans son porte-monnaie ?
  • Qui sont les collectionneurs les plus célèbres ?
  • Qu'est-ce qu'un numismate ? 
  • Que peut-on apprendre à partir d’une pièce de monnaie ?
  • Peut-on collectionner sans être numismate ?
  • De quand datent les plus anciennes collections de pièces de monnaie ?
  • Les pièces de monnaie sont-elles un bon investissement ?
  • Quels sont les types de collections possibles ?
  • Comment bien ranger et organiser sa collection ?
  • Faut-il nettoyer ses pièces de monnaie ? Et comment faut-il s'y prendre ?
  • Comment repérer les fausses monnaies ?
  • Pourquoi certains collectionneurs sont-ils si attachés à leurs pièces de collection ?
  • Les catalogues de cotations sont-ils utiles ?
  • Quelle est la différence entre une pièce commémorative et une pièce circulante ?
  • La chasse aux trésors est-elle un bon moyen pour collectionner les pièces de monnaie ?
  • Quelle est la différence entre une monnaie et une médaille ?
  • Peut-on commencer une collection juste en fouillant dans son porte-monnaie ?
  • Quelle est la différence entre un trésor et une collection ?
  • Pourquoi les collections de pièces de monnaies sont-elles nées à la Renaissance ?
  • Pourquoi les enfants aiment les collections ?
  • Y-a-t-il un rapport entre voyages et collections de pièces de monnaies ?
  • Comment s’accroissent les collections ?
  • Pourquoi est-il difficile de donner des conseils à un collectionneur débutant ?
  • Les collectionneurs de pièces de monnaies sont-ils des gens à part ?
  • Quelles sont les collections les plus importantes dans le monde ?
  • Pourquoi certaines personnes n’aiment pas les collectionneurs de monnaies ?
  • Faut-il privilégier la qualité ou la quantité de pièces de monnaie ?
  • Comment savoir si une pièce est rare et a de la valeur ?
  • Pourquoi certains collectionneurs se méprisent-ils parfois entre eux ?
  • Y-a-t-il obligatoirement un rapport entre la rareté et le prix d’une pièce de collection ?
  • Pourquoi et comment certaines collections ont été volées ?
  • Quelles sont les difficultés rencontrées par un collectionneur débutant ?
  • Comment fonctionne le marché numismatique ?
  • Comment acheter et vendre des pièces de monnaie de collection dans de bonnes conditions ?
  • Comment se documenter pour bien collectionner ?
  • Comment classer les pièces de sa collection ?
  • La collection est-elle un actif ou un passif ?

Le guide est illustré avec de nombreux exemples historiques de collections et de collectionneurs. Il s’appuie sur une solide documentation. Il propose au collectionneur débutant des méthodes nombreuses et des horizons variés pour l'aider à mieux connaître le monde des numismates et des collectionneurs, et à commencer une collection de pièces de monnaie dans les meilleures conditions.

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P.S. Le livre s'adresse aux collectionneurs débutants de pièces de monnaie, ou à ceux qui ont simplement pensé à collectionner les monnaies sans savoir par où commencer...
Mais il s'adresse aussi aux numismates confirmés qui veulent "réviser" ou comparer leurs pratiques avec celles des autres collectionneurs pour améliorer leurs connaissances et leurs pratiques...

Compte-rendu du livre d'Edgar Faure, "La banqueroute de Law, 17 juillet 1720", Paris, Gallimard, collection "Trente journées qui ont fait la France", 1977, 742 pages 

Compte rendu tiré des "Annales", Année 1979  pp. 186-188

Courverture du livre "La banqueroute de Law"

Courverture du livre La Banqueroute de Law


Dans la collection "Trente journées ont fait la France", Edgar Faure vient de publier une stimulante histoire du "Système". Certes l'émeute de la rue Vivienne ne mérite pas d'être inscrite parmi grands événements de l'histoire mais c'est la date qu'on peut assigner à l'échec de la nouvelle monnaie. A partir de ce jour, la banque mettant fin à la convertibilité de ses billets, commencèrent le déclin et l'agonie d'une entreprise à laquelle la démission du Contrôle général, le 9 décembre, puis la fuite, mirent fin quelques mois plus tard.

Notre connaissance de l'expérience de Law en dépit de plusieurs centaines de mémoires et de monographies, en dépit des oeuvres majeures de Forbonnais (1758) de Levasseur (1854) et Lüthy (1959), demeure imparfaite et confuse. Edgar Faure nous apporte non seulement une heureuse synthèse mais encore toute une série d'aperçus nouveaux, d'hypothèses pertinentes et de résultats inédits.
Bien sûr l'expérience monétaire du vingtième siècle et ses propres compétences financières lui ont permis mieux comprendre les aspects des opérations de celui qu'il appelle, non sans admiration, "le fondateur de l'économie monétaire, le ministre le plus original de histoire française". Mais l'ancien argentier, puis président du Conseil de la République a su également tirer parti de sources jusque-là négligées : la correspondance du duc de Noailles, les mémoires inédits du duc d'Antin, les papiers de Thélusson, les manuscrits de l'économiste Dutôt les correspondances conservées Public Record Office ou dans la série G.7 des Archives nationales.

La première partie du livre, consacrée à l'homme et à sa doctrine, nous propose un portrait haut en couleurs de ce fils d'un orfèvre-banquier d'Edimbourg, de ce dandy avantageux, joueur acharné et duelliste redoutable. Mais le jeune aventurier était aussi un économiste de génie et Faure analyse avec minutie ses premières oevres : "Money and trade considered with a proposal for supplying the nation with money" (1705), "Mémoire pour prouver qu'une nouvelle espèce de monnaie peut être meilleure que l'or et l'argent" (1707), "Mémoire pour l'acquittement des dettes publiques" (1715). Déjà s'esquisse un des thèmes essentiels du livre de John Law, l'homme-janus aux deux visages. C'est le risque-tout, le joueur saisi par le vertige, le duelliste fasciné par la mort qui ruinera les combinaisons astucieuses et prometteuses du banquier promu contrôleur général.

Dès le début de la collaboration établie entre lui-même et le Régent, John Law se préoccupe de l'amortissement de la dette publique. Le capital primitif de la banque pourtant destinée à l'origine aux seules opérations de change et escompte est en 1716 souscrit en partie en billets d'Etat; il en est de même du capital de la Compagnie d'Occident.
Après la constitution de la Banque royale le décembre 1718, le problème de la dette publique passe définitivement au premier plan des préoccupations de Law et toute une série de mesures destinées généraliser la circulation des billets de la Banque préparent pendant le premier semestre les décisions essentielles d'août et septembre 1719. Au terme de cette période préparatoire Edgar Faure estime que le "présystème" s'achève sur un succès financier remarquable dont témoignent l'excédent de commerce extérieur, le bon état de la monnaie et des changes, le gonflement de la production et des échanges intérieurs. Au coeur du "Système", au moment où se scelle son destin, est-à-dire dans été 1719, Edgar Faure retrouve la contradiction dont il nous avait dit elle marquait le caractère de John Law. A l'actif de l'administrateur compétent, de économiste en avance sur son temps, il y a l'arrêt du 27 août 1719 qui organise le remboursement total de la dette. La Compagnie est autorisée à emprunter 1 600 000 livres, en échange desquelles elle remettra soit des "actions rentières" au porteur obligations) soit des contrats de constitution de rentes à 3%. Il y encore pour justifier cette apologie, la stabilité de la livre tournois en dépit de la hausse des actions et des émissions de billets et surtout les promesses d'une économie libérée de ses charges hypothécaires, la baisse du taux de intérêt annonce une grande réforme fiscale, l'abandon de la détestable pratique des rentes constituées et des offices vénaux. Ce vaste programme bien loin d'affaiblir les plans de l'écossais leur donnait une respiration, un souffle, des perspectives, "toute l'opération était jouable" dit Edgar Faure. Mais voilà ! au "plan sage" John Law ajouta un "plan fou"; aux dispositions heureuses et efficaces il apporta le 13 septembre, un ensemble de compléments sous forme de combinaisons spéculatives proches de l'extravagance. Par un étrange phénomène de dédoublement de la personnalité l'agioteur ruina les dispositions du financier. Déjà la banque multipliait les avances occultes au Trésor, prenait à sa charge le paiement de l'arriéré des pensions et surtout le 13 septembre, abandonnant la formule des obligations à 3%, décidait de rembourser les créanciers de l'Etat en émettant de nouvelles actions. Plus grave encore, la décision était prise de porter ces actions au montant nominal de 5000 livres, et de ne pas les réserver aux anciens créanciers, enfin de leur garantir un dividende minimum de 4% ! Ainsi, par l'énorme plus-value accordée aux porteurs actions anciennes invités à participer à l'échange, on déclenchait une fantastique spéculation, on organisait l'agiotage, on imposait la Compagnie des charges exorbitantes au moment même ou Law, pour se concilier le concours des gens influents, multipliait prébendes faveurs et pensions.

Les résultats de ce coup de poker ne tardent pas à se manifester. Dès janvier, les changes français baissent à la bourse d'Amsterdam. Une première fois en mars tout l'édifice manque de écrouler à la suite d'une panique sans doute provoquée à l'étranger par les ennemis français et anglais du contrôleur général. L'incessante activité de celui-ci son ingéniosité retardent pendant quelques mois échéance mais l'abandon le 17 juillet de la convertibilité marque déjà l'échec de son plan initial. Edgar Faure admire beaucoup les tentatives de sauvetage imaginées par Law de juillet à décembre : déflation, multiplication des comptes courants et même démonétisation des billets. On éprouve quelque mal partager son appréciation et le suivre au long de ces péripéties cahotantes et dans les détours d'une rédaction plus touffue.

Comment cependant ne pas signaler l'intérêt exceptionnel du bilan dressé par l'auteur des conséquences sociales du "Système". Gagnants ou perdants ? Telle est bien la question essentielle. Si des milliers de rentiers actionnaires malchanceux ou mal informés ont perdu dans la tourmente une partie de leur patrimoine, d'autres et pas seulement les agioteurs les plus avisés ont tiré profit de la crise. L'examen des minutes notariales révèle que d'innombrables débiteurs ont pu se libérer à bon compte en monnaie de papier ou ont imposé à leurs créanciers la réduction de l'intérêt des dettes.
Ainsi Edgar Faure nous rappelle utilement que le résultat de la crise financière n'est pas totalement négatif, que les propriétaires fonciers privilégiés ou paysans ont bénéficié de cet allégement inespéré des charges hypothécaires, que les communautés de métier, les communautés rurales ont vu se réduire le poids de leurs obligations monétaires et que économie française dans son ensemble a profité de cette disparition partielle des prélèvements parasitaires. Dans le prolongement des hypothèses défendues par auteur, il faudra aussi que des enquêtes minutieuses dans les fonds notariaux, les archives du contrôle des actes et du centième denier nous informent sur l'identité des personnes intéressées par les nombreuses et importantes transactions immobilières, enregistrées dans les minutiers à l'époque du "Système" et de sa liquidation. Ajoutons que la bibliographie critique qui figure en fin de volume et qui est due à P. Harsin, un des meilleurs connaisseurs de histoire des finances et des doctrines économiques, contribue aussi au plaisir, à l'intérêt de la lecture et de la découverte.

Pierre DEYON

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