Le Manuel qu'a consacré Adolphe Dieudonné aux monnaies
royales françaises était excellent au moment de sa publication en 1916,
sauf quelques défauts mineurs (voir le compte-rendu ci-dessous), et il
reste excellent aujourd'hui encore. Il donne aux collectionneurs le
nécessaire arrière-plan historique qui permet de comprendre les
monnaues royales françaises. Il est possible de le télécharger
gratuitement au format pdf (voir ci-dessous)
Compte-rendu du tome II du Manuel de Numismatique française,
consacré aux monnaies royales
A. Blanchet et A. Dieudonné. Manuel de numismatique française. Tome II
: Monnaies royales françaises depuis Hugues Capet jusqu'à la
Révolution, par A. Dieudonné,... Paris, A. Picard, 1916.
En composant ce manuel de numismatique royale, M. Dieudonné s'est moins
préoccupé de fournir aux collectionneurs le moyen d'identifier et de
classer les monnaies des Capétiens que de faire connaître l'histoire de
la monnaie avec l'histoire politique, administrative et économique de
la monarchie française.
L'ouvrage est divisé en trois livres. Dans le premier sont exposés les
caractères généraux de la monnaie royale. Il y est traité de
l'organisation monétaire, des procédés de fabrication des pièces (frappe
au marteau et frappe
au balancier), des métaux dont elles ont été faites et des
empreintes qu'elles ont reçues. On y trouve une étude très approfondie
de la valeur de compte et l'énumération des noms officiels et
populaires des espèces, classées suivant leurs diverses origines.
Le deuxième livre comprend l'histoire politique, économique et
artistique de la monnaie. L'auteur a divisé, suivant l'usage, les huit
siècles du règne des Capétiens en trois périodes qu'il désigne ainsi :
- Epoque du denier : le roi seigneur
- Epoque du gros : le roi et les seigneurs
- Epoque du teston et du Louis : la monarchie absolue
Entre les deux premières, la coupure est nette. Depuis le règne de
Hugues Capet jusqu'à celui de Saint Louis, les rois n'ont fait frapper
que des deniers. Les deniers royaux ne jouissaient d'aucun privilège
vis-à-vis des pièces féodales; leur cours n'était assuré que dans
l'étendue du domaine. Saint Louis obligea les vassaux à laisser
circuler sa monnaie à côté de la leur. Dès lors, tandis que la monnaie
de chaque seigneur n'a cours que dans les terres qui relèvent de lui,
la monnaie du roi a cours dans tout le royaume. Saint Louis affirma la
prééminence de sa monnaie en créant une pièce d'or, l'écu, et
en émettant une espèce nouvelle d'argent, le gros, dont, en principe,
la frappe était réservée au roi.
Quant à la troisième personne, elle est séparée de la précédent par la
date (1513) de la création de la pièce lourde d'argent qu'on appelle
teston, où, à l'imitation des monnaies romaines, le souverain est
représenté en buste. Mais aucun fait important de la politique
monétaire ne s'est produit alors. L'ordonnance symétrique des divisions
adoptées par les numismates a donc quelque chose d'un peu factice.
Le dernier livre est, à lui seul, plus étendu que les deux autres
réunis. M. Dieudonné y décrit les espèces frappées par les rois
capétiens. Les monnaies sont classées d'après le lieu d'émission, pour
la période comprise entre l'avènement de Hugues Capet et celui de
Philippe-Auguste. De nombreuses figures illustrent le texte. Toutes
n'ont peut-être pas été dessinnées d'après les originaux; j'ai peine à
croire que, sur un denier de Philippe Ier, soit représenté un édicule
gothique, tel que celui que montre la figure 35.
Quant à ce que l'auteur dit de l'épigraphie monétaire, il convient de
faire quelques réserves. Lorsqu'il écrit (p. 199), qu'au XIIIème
siècle, "sans quitter
l'onciale, les hastes se courbent, les angles s'arrondissent",
il s'exprime d'une manière inexacte : ce sont précisément les hastes
courbes et les angles arrondis qui différencient l'onciale de la
capitale. Ce qui est vrai, c'est que les caractères onciaux se
multiplient au XIIIème siècle. Le tableau des lettres employées dans
les légendes monétaires donne un R pour un F (p.52).
La liste des ateliers, qui suit la description des pièces, renferme
certaines indications trop peu précises : M. Dieudonné dit, sans plus,
que tel atelier est "cité sous Jean le Bon", tel autre est "mentionné
au XIVème siècle"; s'il ne voulait pas donner de détails, il pouvait
renvoyer aux publications qui mentionnent ces ateliers, ou le cas
échéant, à une autre partie de son propre livre.
Le nouveau volume du "Manuel de numismatique française" est l'ouvrage
le plus complet qui ait paru sur l'histoire des monnaies capétiennes;
il rendra de grands services aux archéologues et aux économistes.
L'Académie des inscriptions et belles lettres l'a recommandé au public
en décernant à l'auteur le prix Duchalais.
Max Prinet
[source : Bibliothèque de l'école des chartes, Année 1916, Volume 77,
Numéro 1 p. 487 - 489]
Télécharger le Manuel sur les Monnaies Royales françaises de
Dieudonné
Manuel de numismatique française
(Monnaies royales françaises depuis Hugues Capet jusqu'à la Révolution,
par A. Dieudonné, 1916, format pdf)
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